À l’ouest

À l'ouest1

Terre de vent

Magnétique

Émergeant de l’infini

Burine mes escales

Poussé dans les feuillages

Le rideau caresse à main levée

Comme un feu de broussaille

Le clair-obscur

De tes yeux plus grands que le ciel

Côté sable, jambes nues

Dans la marée montante

Je lave la mer

Reviviscence saline

© Isabelle Crépeau, 2018

Dernière nouba

À Andrée


Elle a quitté l’hiver
un matin de plaine
empruntant les allées
engourdie
entre deux repos

Solaire, depuis les blancs marins
elle vient caresser mes joues,
habiter ma solitude
en eux

Elle attrape mes plaintes
éphémères pigments
échappés sur les aiguilles
Lumineuse, je te suis
Et ce sera

© Isabelle Crépeau - 2018

Pointe bleue

Sans qualification (détail). Walter Yarwood. Commandité par Expo 67, sous les auspices de la Maison Seagram*

 

Seule en brise-vent
L’Ungava chuchote
Sa mémoire meurtrie
Fragments séquestrés
Engourdis dans l’écorce
Recueillant la conscience intérieure
Aux aurores du monde

Ils vont, ils vont, comme des ombrelles
Les jours érodés
Fossilisés dans les silences millénaires
Sciures de paix
Germant entre les pousses
À l’ancre de l’oubli

* "Cette sculpture a été expopsée à l'Expo 67 
et en 1968 sur la Terre des hommes, à Montréal. 
Elle a été donnée à l'Université de Montréal 
à la demande de la Maison Seagram."

Isabelle Crépeau - ©2017

L’art du temps

Angèle Verret, « Où ça commence » [détail], 2015. Acrylique sur toile

 J’ai longtemps cherché au-devant

La fissure en toute chose

Ces aspérités de lumière

Comme des ancrages

La décoloration du fut façonné de mes mains

Transgresse le bleu majeur

Je veux retrouver la saison indomptable

Et résonner indemne l’insouciance

© Isabelle Crépeau – 2017

Maître de vie

à Rogerfleur-de-mandariner

Quand il observe les fleurs de mandarines
Le temps n’est plus demain, hier n’a plus d’avant 
Ta bohème 
Comme une marée, un reflux
Se targue
Tourbillon défiant
Je n’aurai pas le temps, pas le temps, dit-il
D’aller toucher les derniers froids et tracer le prochain trait
Je t’ai écrit sur les névés
Pour que hier ne dure pas mais que demain demeure
Inflorescence  

© Isabelle Crépeau – 2017