Série Zone de guerre en temps de paix
Quand on ne voit pas on oublie. J’avais oublié mes escapades d’adolescente des années 80. J’avais oublié le restaurant du sommet où l’on rencontrait des skieurs d’un autre âge, authentiques transportant en eux le ski, le vrai. J’avais oublié ces pentes que j’aimais tant dévaler en regardant le lac gelé. J’avais tout oublié les Pierres grises et de leur tradition unique et chaleureuse.
Jusqu’à ce que
Je passe devant 30 ans plus tard.
30 ans…moins 4.
Car depuis 4 ans, ce joyau du patrimoine laurentien retourne lentement à la nature.
Les Pierres grises agonisent brutalement, violemment, injustement. Chaque minute qui passe est occupé par un froid trouble, un vent hostile, une lumière noire. Site déchiré, hanté de bourrasques de dévastations, de tourmentes inachevées, de scènes d’égarement aux relents de diésel, d’eaux stagnantes, de verres brisés et de débris moisis. Antre de folie à la déchéance cruelle. Patrimoine tué face à la montagne tremblante de richesse indécente.
Photos prise sur le site de Gray Rocks, St-Jovite / Mont-Tremblant, Québec, août 2013